Πέμπτη 28 Νοεμβρίου 2019

La Nuit ne sait pas ce que tu fais de tes rêves


La nuit ne sait pas
ce que tu fais
des rêves
qu’elle trasporte
vers l’oubli
Marie-José Christien – Quand la nuit voit le jour 















La nuit ! Ténébreuse ! Rêveuse !
Qu’en est-il de mes nuits ? Il y en a qui me fatiguent et m’ennuient. Enfermée chez moi, je ressens de la solitude. Une solitude épaisse, fade, lourde me tombe sur la tête comme une brique. Je me sens paralysée. Je pense à l’éphémère de la vie. Les ombres telles des fantômes me font peur. Je vis dans un huis-clos comme une araignée emprisonnée dans sa propre toile. La nuit, avait dit un romancier que je connais bien, est faite pour les caresses ; il faut bien caresser une main ! Alors quand on est seul, l’écriture sert de refuge. A défaut d’une main, on caresse un crayon. Belle parole, ma foi ! J’ai beau le faire, la solitude m’écrase.
Il y a d’autres nuits aussi, un peu plus légères. Le huis-clos s’ouvre petit à petit et me laisse entrevoir un peu de lumière. Une lueur d’espoir est née quand je pense à des choses réconfortantes. Tiens, par exemple, mon armoire. Et si j’essayais mes vieux vêtements ? Et si je me maquillais ? Je pourrais me réinventer, rebondir, même danser. J’essaie ma paire de chaussures de tango. Je me sens plus grande, plus haute, plus aérienne. Mon chat me regarde abasourdi, mais qu’est-ce qui lui arrive d’un coup ? Et puis, il s’habitue à ma nouvelle humeur, et n’y prête plus attention. Cela me rassure, mon chat croit en moi. Sa surprise initiale donne lieu à un sentiment d’apaisement, de gratitude. « Oui, allez, danse, ma vieille, dans ma petite, si cela te chante ! ».
Elle est vicieuse la nuit.















Comme une scène de théâtre vide, sans lumière. Les spectateurs et les acteurs partis, les personnages de la pièce rôdent, pâles, seuls, comme ensevelis dans une tombe sans air. Et puis, un technicien, pressé de partir, appuie sur un bouton par inadvertance, et une partie de la scène s’illumine. Un faisceau de lumière éblouit un des figurants de l’œuvre qui tardait à quitter la salle.  La lumière l’agrandit, le tire vers le haut, le fait rêver, oui, le fait rêver du rôle principal, celui du protagoniste, le pousse à rêver même d’autres pièces, d’autres pays et contrées.
Il joue pour lui alors, en absence du public. Il joue le rôle d’un scénario qui n’a pas encore été conçu. Or son improvisation, il le sait bien, n’est pas une répétition, mais la représentation de la vie, c’est ça aussi la vie, une forme d’existence qui est en train de voir le jour.

Τετάρτη 25 Ιανουαρίου 2017

Les villes et le rêve


Ma ville s’appelle Zoé. Cela veut dire « la vie » en grec. C’est la ville où il fait bon naître ; la ville des nounours, des nourrices, des bars à lait et des aires de jeu. Un lieu qui baigne dans le blanc, le blanc lacté.  
Les meilleurs conteurs sont employés pour raconter des histoires et chanter des berceuses. Tout au long des rues, il y a des écrans géants où passent en continu des dessins animés. Les écoles de cinéma, de BD, de danse et de musique occupent la plus grande partie de la ville. Les écoles les plus prestigieuses de pédagogie forment les maîtres et les maîtresses les plus brillantes. Tout pour garantir une naissance et une enfance dans la douceur et le respect.
Alimentée d’énergies renouvelables, Zoé est verte. Quand il n’y a pas de vent, des géants soufflent sur les éoliennes qui tournent alors en permanence. C’est la ville de sans-souci. Il pleut des confettis et des ballons multicolores. Des fontaines agrémentant la ville de partout ressurgissent des jouets et des bonbons. Il y a des arbres de barbe à papa et on entend le rire des enfants et le gazouillis des oiseaux qui eux aussi sont des conteurs volant d’une fenêtre à l’autre pour éveiller ou bercer les petits citoyens.


Une autre donc particularité de cette cité paradisiaque est que les animaux parlent d’une voix humaine. Dans ce royaume ce sont les chats bien évidemment qui en sont les rois. En bas de chaque lit d’enfant, un chat serviteur veille au sommeil de son petit maître. Le roi et la reine, sa Majesté le Chat et sa Magnificence la Chatte organisent des bals tous les soirs. On allume des lustres de cent mille bougies. Et ce sont des anges aux joues pâles roses qui s’en chargent en virevoltant. Des licornes sont à la réception de ces soirées dansantes. Les merveilles et l’éblouissement suscitent la surprise et le surpassement de la surprise. Des clowns y font leurs numéros  et à l’unisson avec des prestidigitateurs, ils amusent les petits qui y assistent avec des yeux écarquillés.



Dans la Ville de la Vie la vie a une valeur suprême. Les enfants de ce lieu abracadabrant vont continuer leur belle aventure dans la Ville de l’Age adulte. Ils auront bien sept vies, chacune pour jouer, rire, apprendre, aimer, voyager, créer et procréer. La Ville Zoé sera donc celle de la première vie, celle de l’initiation au rêve et à la magie. On peut donc bien imaginer toutes les autres villes que ces enfants choyés, nés de l’amour et de la bienveillance pourront fonder par la suite.

Σάββατο 24 Σεπτεμβρίου 2016

L'enfance de nos rêves


Dmitri Shostakovich - Waltz No. 2
Louis rêvait d'être artiste. Quelle idée! Il ne savait même pas ce que cela signifiait au juste. Mais son visage pâle et mélancolique reflétait un monde intérieur d'une qualité rare. Il était d'une beauté immaculée. Sa mère Elise l'adorait. Louis était son fils unique chéri. Comme elle avait perdu son mari quand l'enfant avait à peine deux ans, il était toujours au centre de son attention et veillait à ce que rien ne lui manque.
Tous les matins Elise le réveillait d'une caresse douce et l'enfant ouvrait les yeux en souriantat avec paresse. Mais sa nonchalence disparaissait dès qu'elle mettait de la musique; c'était des airs de valse. Le père de Louis ayant toujours été mélomane, elle pensait que l'influence de la musique serait bénéfique à l'enfant.

Pendant la nuit de son anniversaire de quatorze ans Louis a fait un rêve. Il prenait racine en se transformant en arbre. Ses amis dansaient autour de lui mais lui, il était statique et muet. Sauf ses branches qui s'étaient mis à danser comme pour aider le tronc à se déplacer. La danse des êtres humains autour devenait de plus en plus effrénée tout comme les mouvements de ses branches. Il avait une terrible envie de les joindre. Or malgré ses efforts, il s'enfonçait de plus en plus. Il était en train de mourir.












Louis s'est réveillé couvert de sueur en pleine nuit. Quelque chose avait changé en lui à jamais. L'idée de la mort a commencé à le hanter. Il a pensé à son père qui était mort avant même que l'enfant ne fasse ses premiers pas. Il ne pouvait plus se souvenir de son visage, il gardait une image assez vague de son allure. C'était sa mère qui prenait toute la place. Elle prenait soin de lui mais en réalité, elle l'étouffait. Elle s'accrochait à lui et l'enfant devenant adolescent au lieu de s'élancer se rapetissait. Le petit prince se transormait en vilain petit canard! Comment l'amour maternel peut faire des ravages!
Peu de temps après, Louis sortait de l'école et au lieu de rentrer directement à la maison comme il était censé, il a décidé de marcher comme pour s'égarer. Chemin faisant il a entendu une mélodie au loin. Il s'est concentré pour comprendre d'où elle venait. Quelques instants après il se retrouvait devant une école de danse. Fasciné il s'est mis à regarder les danseurs à travers les baies vitrées. Pour un instant il a cru reconnaître la mélodie; c'était celle de son rêve. Il était tétanisé. N'était-il pas en train de le revivre?
Il avait la clé de son cauchemar. Louis avait bien un corps qui mourait d'aller s'unir aux danseurs. Voilà son univers, voilà en quoi se cristallisait maintenant son envie de devenir artiste qui persistait depuis sa petite enfance. Pas de barrières, plus de tergiversations. C'était le moment, franchir le seuil de l'école. Il a fermé les yeux, la musique le portait. Il a entendu la voix de son père: "Va! Rien n'est parfait dans ce monde, mais il y a une harmonie tangible. Va danser! C'est ta destinée."

























Παρασκευή 16 Σεπτεμβρίου 2016

Le maître 

Le chat regarde à droite et à gauche. Puis, il fixe son regard sur un point. Qu’est-ce qui attire son attention ? Je ne peux pas vraiment deviner. Il ferme les yeux. Il les rouvre. Pour quelques instants il hésite, va-t-il s’endormir ? Il somnole. Je l’appelle, il me regarde en bougeant sa queue. Et hop, il trouve une position encore plus confortable, il referme les yeux. Il a l’air tranquille. La voix énervante de mon voisin ne le gêne pas. Est-ce qu’il sait que je l’observe ? Que j’écris sur lui ? Pour ce dernier sûrement pas. Il vient de se lever, il va vers la porte-fenêtre. C’est lui qui à son tour observe maintenant. Que cherche-t-il au juste ? Comment se sent-il ? Qu’est-ce qui lui ferait plaisir ? Qu’est-ce que je pourrais faire pour lui faire plaisir ? Un oiseau gazouille et cela l’intrigue sûrement. Mon chat aurait besoin d’action, qu’il se passe quelque chose dans sa vie. Or il a sa petite routine qui se confond avec la mienne.


Est-ce que j’ai suffisamment parlé de mon chat ? Je suppose que non. Il a cinq ans, il est beau, enfin je le trouve beau et la plupart des personnes qui le voient me font part de leur admiration : « Il a une belle fourrure, il a de beaux yeux, oh qu’il est mignon ! » Du coup, je me sens fière de lui et par ricochet fière de moi ! Comme si c’était à moi qu’il devait sa beauté de féline. J’essaie d’entretenir sa santé et son bien-être en le nourrissant et en le cajolant. A chaque fois que je le prends dans mes bras j’y pense. Je me dis que les caresses l’aideront à vivre longtemps. Je fais des calculs concernant nos âges. Quand il aura 15 ans, moi j’en aurai 48. Comment seront-nous dans dix ans ?  Vivra-t-on dans le même appartement ? Aurai-je toujours le même travail ? Serai-je toujours célibataire ? Fera-t-il autant de bêtises ? Et le monde autour sera-t-il le même ?

Le chat et moi, on forme une espèce de famille ou de couple. Ma nièce en a pris conscience et quand elle me voit, elle me demande comment il va. « Maria et moi, on aime Piko », a-t-elle déclaré récemment pendant que l’on se mettait à table en famille. Elle en a de la perception ma petite nièce. Elle éprouve beaucoup de sentiments et mon chat en est concerné. Lui et ma nièce sont les membres les plus jeunes de la famille. Y en aura-t-il d’autres encore ? Je l’espère sincèrement. Je suis bien contente que Zoé pense à mon chat, qu’elle parle de lui en son absence. Mais j’aimerais aussi qu’un jour elle puisse rencontrer son petit cousin avec qui elle pourrait s’engager à une conversation ou qu’elle dise « Maria et moi, on aime le petit Nicolas », ceci étant si un jour j’ai un fils qui s’appellera Nicolas. Elle pourra alors le prendre par la main et jouer avec lui, comme maintenant je fais avec elle. Ce sera dans une lignée de transmission, d’héritage. Mais une sorte d’héritage qui ne soit pas lourd mais, au contraire, agréable et fort. Un héritage riche et léger à la fois comme le jeu d’un enfant. Le chat les regardera tous les deux, veillera sur eux, miaulera avec sagesse et compréhension.  Son pelage sera toujours comme de la soie, ses yeux brilleront de satisfaction et d’expérience. Ce sera un chat content de la vie et sans regret. Comme un maître bien sage qui malgré les difficultés a su persévérer et garder espoir.

















Le chat est sur mon bureau juste à côté de moi. Il s’endort au son des touches que je suis en train de taper pour écrire. Sait-il que je me réfère à son avenir de vieillard ? Il ne se sent pas concerné, il est tranquille, il vit dans le présent. Mes angoisses, mes rêves ne l’atteignent pas. Il se sent en sécurité ici auprès de moi. Il me transmet cette émotion alors qu’on n’a pas le même état d’esprit. Je lui dois de la reconnaissance. C’est un maître. Il m’enseigne, « Ce n’est pas grave si ton voisin crie fort, ce n’est pas grave si l’appartement est petit, ce n’est pas grave si je ne peux pas attraper l’oiseau qui gazouille au loin. L’important, c’est l’ici et le présent. » 







Τρίτη 13 Σεπτεμβρίου 2016

Les petits riens qui font plaisir
Le chlore de la piscine
Les coiffeuses au soleil, Robert Doisneau


















  •  Zozoter
  • Boire du café
  • Le vin pétillant
  • Les regards pétillants
  • Le vernis à ongles et le rouge à lèvres
  • Ecouter des bandes originales de films en boucle
  • Humer le chlore de la piscine
  • Passer un coup de pinceau sur un mur qui en a bien besoin
  • Ecrire sur une page vierge
  • Faire des sourires à ma nièce de trois ans
  • Les petites salles de cinéma d’art et essai
  • Vider un cendrier et bien le nettoyer
  • Dire « coucou »
  • Entendre dire « chouette »
  • Mettre du parfum
  • Me faire masser
  • Acheter des pailles en couleur que je n’utiliserais peut-être jamais
  • Le premier bain de mer de l’été
  • Le dernier cours avant les examens
  • Appuyer sur le bouton de l’ascenseur et s’apercevoir qu’il est déjà là
  • Porter des écharpes et des bagues
  • Parler de mes conquêtes amoureuses

Je suis la reine des petits plaisirs éphémères. Parfois je pense que je ne vis que pour cela. Les beaux objets, les belles couleurs, les parfums qui éveillent des sensations et d’agréables souvenirs. Mes cinq sens sont à l’affût des plaisirs. Suis-je une personne superficielle ? Mais non ! Juste sensuelle. Mettons les choses au clair. Soyons précis pour une fois.

J’ai dressé un court inventaire de tous ces petits riens qui mettent du baume sur le train-train quotidien. Oh, quel mot affreux. Oui, il est horrible parfois, il est lent, ennuyeux, dur, gris, pâteux. Et que faut-il faire pour y faire face ? Eh bien, inventer et se réinventer. Place aux plaisirs. Ne perdons pas espoir. Allez !



















Il y a ma petite nièce et son sourire de trois ans. J’aime bien lui sourire et surtout le moment où elle me rend ce sourire. J’aime sa petite voix et surtout quand elle répète les mots que je lui apprends, qui ne sont que mes propres inventions. J’adore ensuite me représenter à l’infini tous les câlins qu’elle m’a faits lors de notre dernière rencontre.
Ce n’est pas pour dire que la relation avec ma nièce est une banalité. Loin de là ! C’est en revanche un lien fort que je suis en train de tisser avec elle. Et ce lien se renforce et se personnalise grâce à ces petites banalités exquises.

En fait, j’écris ce texte pour faire l’éloge des choses futiles en apparence mais qui sont en réalité l’épice de la vie.




Pourquoi est-ce que le chlore de la piscine me rend gaie ? C’est peut-être parce que ça me fait penser à la propreté, à mon enfance et à ma maman. Quand tout était propre, correct, insouciant, sans faille. Le clore me renvoie à une surface lisse. C’est comme une page vierge sur laquelle on peut recommencer en partant à zéro.
Quel est le rapport, vous me direz, entre le sourire de ma nièce et une page vierge ? Aucun rapport, je vous dirai, et bien des rapports. C’est comme un vin pétillant. Ou une bougie qu’on allume. Ou une théière chaude et la première gorgée de thé aux épices et aux agrumes. Ou c’est comme quand je prends ma douche matinale et je me peigne les cheveux… Un nouveau jour éclot.
La banalité des petits plaisirs n’est pas un luxe. C’est ce qui nous rend humains. Nous sommes tous des êtres humains avides de rêve et de magie. Et quand je pense à tous ces petits bonheurs, je peux croire que tout est possible. La volupté, les caresses, les nids douillets me rassurent quand je broie du noir. C’est le petit nuage léger de l’enfance et de l’innocence. C’est se laisser aller en pensant que tout est inoffensif.















Quand je mange de la chantilly, c’est comme si je me baignais dans des vagues enneigées. Oui, le bonheur est à la portée de la main.